Pourquoi Lucy ? |
Les observations de terrain de Habitat & Rénovation
Les observations de terrain issues du travail social communautaire mené par Habitat & Rénovation (HR) depuis 20 ans témoignent de l’augmentation des déséquilibres socio-culturels et intergénérationnels, précisément dans les zones à forte densité en logements sociaux où les signes d’incompréhension, d’intolérance et de rejet entre communautés, d’une part et entre jeunes et adultes de l’autre, sont de plus en plus manifestes.
Les jeunes expriment souvent des sentiments de discrimination, d’insécurité et parfois d’humiliation qui peuvent conduire à des processus d’isolement social et de repli. Ces sentiments sont amplifiés par des discours à tendance antidémocratiques, empreint d’intolérance et de stéréotypes véhiculés par les médias sociaux.
Les jeunes et les médias sociaux
Le projet « Lutte contre la cyber-violence » (LuCy) entend donner une réponse aux phénomènes de ‘silotage’ et de ‘polarisation’ à l’œuvre dans l’univers digital des réseaux sociaux et des applications de messagerie instantanée couramment utilisées par les jeunes des cités de logements sociaux, en particulier sur les applications non filtrées par l’opérateur (par ex. WhatsApp). En effet, les jeunes sont livrés à eux-mêmes sur ces applications. Ils sont rarement accompagnés par des adultes (ces espaces sont souvent ‘parents non admis’) et ils s’écolent donc entre eux.
Or, les jeunes témoignent de l’importance du regard des autres sur leur construction identitaire, et ce regard se pose de plus en plus par écrans interposés. Les réseaux sociaux sont dès lors apparentés à de véritables lieux physiques d’interactions et sont les sources principales d’information et de communication. C’est particulièrement le cas au sein des cités de logements sociaux où les jeunes vivent une triple concentration : i) concentration de précarité socio-économique ; ii) concentration socio-culturelle ; iii) concentration démographique.
Les jeunes dans les cités de logements sociaux
Dans le creuset de ces cités, la rupture de transmission autour de l’histoire migratoire familiale impacte également la construction identitaire des jeunes. Les questionnements sur les racines culturelles sont très présents, sans pour autant que les jeunes n’aient une réelle connaissance de leurs propres histoires familiales, et la multitude d’informations offertes par les médias sociaux apportent des réponses insuffisantes, trop générales, trop orientées, trop souvent polarisantes. Ainsi, les versants digitaux de la discrimination, de la haine et de la violence sont bien présents et montrent même une progression constante depuis 2010 et l’utilisation généralisée du smartphone.
Les troubles entre jeunes des Marolles (cité de la Querelle) et policiers, en septembre 2020, sont un témoignage récent des dégâts provoqués par les « fake news » et les théories du complot colportées sur WhatsApp entre autres, et exacerbées par le contexte de la crise sanitaire.
Au-delà des aspects numériques, LuCy-2 est aligné avec les approches de sensibilisation contre toutes les formes de stigmatisation et de discrimination de genres et de communautés.